Le Côté Obscur des biais cognitifs (suite)

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Ce sera compliqué pour toi.

 

Pour être sûr de tout comprendre (ou pour te rafraîchir les idées) :

Puis RDV ici pour la suite

Nous voilà donc repartis pour explorer le Côté Obscur !

 

Après avoir exploré comment nos perceptions des biais pouvaient esquisser des dérives possibles,

Et après avoir pris deux exemples classiques de nudges,

Détaillons les dérives en question.

 

Je t’avais laissé sur cette question et cette affirmation :

Si on combine cela [l’objectif évident du mieux] avec la croyance que notre irrationalité est naturelle,

Comment ne pas penser à cadrer politiquement cette irrationalité ?

 

Mais ce serait rater deux points fondamentaux…

Tout d’abord, notre irrationalité n’est pas fixe et définitive.

Alors qu’elle est plutôt fluctuante selon les personnes,

Selon le domaine traité,

L’éducation de chacun,

L'état émotionnel du moment,

Et j’en passe !

Il y a beaucoup de paramètres qui entrent en jeu.

Ensuite, quand on parle du mieux commun, il n'y a pas toujours une bonne réponse.

Mais plutôt un éventail des possibles.

Dans les exemples précédents de nudges,

Où on vise une meilleure propreté dans les espaces publics,

On pourrait arguer que les solutions mises en œuvre ne sont qu’un pansement sur une jambe de bois.

Et que la véritable solution serait plutôt de mieux éduquer les personnes.*

Un travail de fond plutôt qu’un truc astucieux.

Et pour sortir d’un faux dilemme, on pourrait même argumenter qu’il est nécessaire de faire les deux :

Une astuce pour le court-terme,

L’éducation pour le long-terme.

Je pense que tu seras d’accord :

Il serait malhonnête de mettre en place certaines de ces techniques pour servir un projet politique qui n’aurait pas été discuté ni débattu en amont.

 

C’est là le véritable risque pointé par Barbara Stiegler,

Le véritable Côté Obscur des biais cognitifs :

Une élite dirigeante,

Convaincue du mieux commun qu’elle propose,

Qui considère qu’il faut cadrer l’irrationalité des autres,

Car eux savent.

 

Personnellement, ça me fait froid dans le dos…

Et Barbara Stiegler défend l’idée que cette idéologie se déploie déjà au travers des ‘Nudge Unit’ dans divers pays.

Souvent avec peu de transparence sur leurs actions…

 

Mais cela est un autre sujet.

Revenons à notre Côté Obscur

En entreprise, on peut tout à fait faire le parallèle avec :

Une équipe qui définit un processus pour les autres,

Sans nécessairement les consulter,

Ni leur expliquer pourquoi chaque étape a été incluse.

 

 

Je pense que tu as déjà identifié ici un biais de supériorité ou d'ego.

Et peut-être crois-tu que c’est trop gros,

Trop évident pour être vrai.

 

Alors voici deux exemples frappants :

1️⃣ Dans les colloques de médecine,

Il est connu que les patients sont irrationnels,

Et que les médecins ‘doivent’ les guider vers la bonne solution.

Mais que dans leur cas propre, "ça va" !

 

2️⃣ Des chercheurs ont interrogé des experts en analyse d'empreintes digitales.

À la question “pensez-vous que, dans la profession, les spécialistes sont victimes de biais cognitifs ?”

La grande majorité répondit dit “oui.”

Et à la question “pensez-vous être victime de biais cognitifs dans votre travail ?”

La majorité répondit “non.”

🤦 🤦‍♂️ 🤦‍♀️ 

🤷 🤷‍♂️ 🤷‍♀️ 

Pour terminer cette édition, voici un pas qui peut nous ramener du Côté Clair des biais cognitifs :

Les biais peuvent être positifs

Il est facile de devenir défaitiste,

Et de se dire qu’il va être difficile de faire avancer les choses dans le bon sens.

 

Cependant :

Que tu croies que la forme de la Terre soit ronde, ou

Que tu croies qu’elle soit plate,

Ce sont les mêmes mécanismes qui se mettent en marche.

(Oui, je dis bien ‘croire’ car tant que tu n'es pas allé faire des vérifications et challenger ta pensée, cela reste une croyance.)

 

Biais d'autorité,

Biais de confirmation,

Cadrage serré,

Manque de connaissances,

Biais de groupe.

Biais de désirabilité sociale.

 

Les mécanismes de notre pensée ne sont pas différents.

Les informations fournies,

Et surtout le contexte dans lequel elles le sont,

C’est ça qui fait la différence.

 

Les biais cognitifs peuvent du coup être positifs.

Par exemple :

Lorsque tu fais confiance à un médecin.

(Ou à n’importe quel expert éprouvé.)

 

Lorsque tu suis le mouvement d’une foule pour échapper à un danger.

 

Lorsque tu restes concentré sur un problème.

 

Lorsque tu cherches à comprendre ce qui plaît à un groupe.

 

Même lors d’un débat :

(Pour autant que chacun cherche à être constructif)

Nos biais vont nous pousser à trouver les meilleurs arguments possibles pour défendre notre point de vue.

Ce qui permet d’avoir une vision plus large qu’au début du débat.

C’est pour cela que, chaque fois que je parle des biais cognitifs,

Je parle de tendances.

Et pour les déjouer, il faut les comprendre,

Mais surtout décider à quel moment, ou dans quel contexte,

Nous estimons qu’il est important ‘là, maintenant’ de chercher à contrecarrer les effets.

Plutôt que d’essayer de le faire tout le temps.

Et de partager ces initiatives avec les personnes concernées,

En toute transparence.

Pour aller plus loin

Si tu veux aller plus loin sur ces sujets, voici deux vidéos que je te recommande :

Défi de la semaine

Choisi une stratégie ou un processus que tu as mis en place.

Idéalement pour contrecarrer les effets de biais cognitifs.

 

Dans quelle mesure applique-tu cette stratégie à toi-même ?

 

Et si aucun exemple ne te vient à l’esprit,

Évalue dans quelle mesure tu te sens immunisé aux biais cognitifs.

(Tu peux me partager ton score. Je ne juge pas 😘)

* Si tu doutes que l’éducation ou la responsabilisation soit suffisante pour améliorer la propreté publique :

C'est la prouesse des tokyoïtes au début des années 70 où la stratégie pour lutter contre les déchets urbains dans le fleuve Sumida a été : ‘soyez responsables😲

Il n'y a même pas eu besoin d'installer de poubelles dans les espaces publics !

L’éducation et le bain culturel japonais ont été suffisants.

Tes commentaires m’intéressent !

N’hésite pas à m’envoyer un message pour me dire :

  • Ce que tu as apprécié,

  • Ce que tu as détesté,

  • Ce que tu as testé,

  • Ce qui a marché,

  • Ce qui a bloqué,

  • Ce dont tu aimerais que je parle dans une prochaine édition.

Je suis à ton écoute et je te répondrai avec plaisir.

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