Le Côté Obscur des biais cognitifs

Vas-tu oser rentrer dans la grotte pour affronter les démons ?

Les paroles d’un maître Jedi, écouter tu dois.

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Si tu me suis depuis quelques temps ou que tu as lu mon livre,

Tu connais déjà le sujet des biais cognitifs.

Tu t'es peut-être même déjà fait une idée de ces erreurs que fait notre cerveau lorsqu'on collabore ou qu'on doit prendre des décisions.

Aujourd'hui je voudrais te parler du Côté Obscur de cette pensée,

Car elle peut être encore plus délétère que les biais eux-mêmes.

Le pire, c'est que ça se met déjà en place dans certains endroits !

 

Tel maître Yoda guidant Luke Skywalker, essayons de voir les pas qui nous mènent au Côté Obscur.

Commençons par une question :

Les biais sont-ils mauvais ?

Au premier abord, cette question peut sembler simple,

Voire simpliste !

 

Très souvent lorsque j’écoute des personnes parler de biais cognitifs,

C'est pour parler des erreurs commises par notre cerveau.

C'est tout à fait normal puisque, par définition, le terme biais cognitif signifie déviation par rapport à une logique rationnelle.

 

Cependant, en conclure hâtivement qu'ils sont foncièrement mauvais serait une erreur.

 

En effet les biais cognitifs sont un raccourci de pensée.

Et on va parler de biais lorsqu'on constate que ce raccourci produit, de manière prédictible et répétée, un résultat qui n'est pas complètement rationnel.

 

Mais est-ce mauvais pour autant ?

Cela dépend en fait du contexte.

 

Si notre cerveau a développé ces raccourcis de pensée, c'est pour nous aider à naviguer dans le monde le plus efficacement possible.

Il s’agit donc d’un compromis entre analyse / compréhension du monde qui nous entoure, et action dans ce monde.

Et tout analyser à chaque fois n’est pas vraiment efficace.

(Cf. ces deux éditions ici et pour creuser cet aspect.)

 

Il y a d’ailleurs de nombreux cas où ces heuristiques fonctionnent très bien.

Par exemple, lorsque tu marches : tu ne réfléchis pas où poser tes pieds.

Ton cerveau fait une estimation de là où poser le prochain pied.

Et ça marche plutôt bien !

Même si de temps en temps on se cogne le pied dans une porte.

 

C'est exactement la même chose avec les biais cognitifs.

 

Être trop optimiste envers des projets (voir cette édition pour rappel,)

Nous permet de lancer ces projets, de tenter le coup, d'aller de l'avant.

 

Ou croire que nos amis sont les meilleurs amis du monde (biais de sélection et de confirmation entre autres,)

Nous aide à tisser de meilleurs liens d'amitié.

 

Le premier pas vers le Côté Obscur des biais est donc de croire qu’à chaque fois qu'un d’entre eux s'exprime, c'est une mauvaise chose.

Les biais n’ont aucune intention.

Ni négative.

Ni positive.

Seulement nous aider à naviguer et à survivre dans le monde qui nous entoure.

 

 

Le deuxième pas vers le Côté Obscur commence par la question :

Les biais sont-ils naturels ?

Et on aurait (trop) vite fait de répondre oui !

 

Lorsqu'il est dit (et j'en suis coupable également) que les biais s’expriment de manière répétée chez plusieurs personnes,

Il est facile de faire le raccourci que les biais sont naturels, présents dans notre cerveau dès le plus jeune âge.

 

Le problème c'est qu'on ne peut pas le confirmer.

Ni l'infirmer.

 

Même si le champ de recherche des biais cognitifs a été ouvert dans les années 1970,

C'est un champ de recherche encore relativement nouveau.

 

Qui plus est, les recherches ont commencé dans le domaine des décisions économiques.

Domaine peu naturel pour notre cerveau…

 

Aujourd’hui, le champ s’est étendu aux relations humaines, et à la psychologie.

Mais plusieurs chercheurs considèrent qu’il n’y a pas encore suffisamment d'études.

Pas dans le sens où nous devrions faire de nouvelles études pour découvrir de nouveaux biais.

Mais plutôt pour faire plus d'études sur ce qu'on a déjà identifié.

Ceci afin de mieux délimiter les contours,

Et affiner notre compréhension de chacun de ces effets.

 

Parmi ces points, il y a une question qu'on me pose souvent lors de mes conférences en entreprise :

Est-ce que c'est pareil dans toutes les cultures ?

 

En bref : on n’en sait rien avec certitude.

Il n’y a pas assez de variabilité dans les études.

(Beaucoup d’entre elles sont par exemple réalisées auprès de jeunes Américains ou Européens.)

 

Il y a cependant quelques pistes.

 

Selon les sujets traités, il est possible de constater des différences.

C'est le cas avec la phobie sociale,

Où, même s’il pourrait y avoir plus d’études,

La différence culturelle dans la manière d'interagir avec les autres impacte la manière dont une personne exprime sa phobie sociale.

(Par exemple, la retenue de la culture japonaise versus le comportement en France.)

 

 

Je pense qu'on peut désormais faire un pas de plus et rentrer dans la grotte du Côté Obscur :

Les dérives

En succombant au raccourci précédent,

Et à voir les biais cognitifs comme une erreur naturelle,

Certains penseurs, leaders ou personnalités politiques commence à développer ce que Barbara Stiegler dénonce comme une ‘idéologie des biais cognitifs’

 

En construisant sur des concepts comme le nudging,

Certains vont en effet avancer l'idée :

Puisque les êtres humains sont irrationnels, mettons en place des outils pour cadrer cette irrationalité.

 

Pour rappel, le nudging est une approche proposée par Cass Sunstein et Richard Thaler pour orienter les décisions de chacun

Via l’environnement ou le contexte,

Et de manière douce.

Deux grands exemples classiques de nudging :

1️⃣ Dans les toilettes pour hommes de l'aéroport d'Amsterdam :

Ajouter le dessin d’une petite mouche au fond des urinoirs

A permis d'améliorer grandement la propreté

(Et donc de diminuer drastiquement les coûts de nettoyage.)

Oui, oui. Juste un dessin pour plus de propreté 🤦 

 

2️⃣ Dans la rue, installer des boîtes pour voter avec son mégot de cigarette,

Ce qui permet d'éviter les déchets de mégots dans la rue.

Alors, tu votes pour qui ?

 

 

Tu remarqueras que ces deux exemples (et tant d’autres) visent un mieux commun.

Un objectif pour lequel tout le monde se dira : “oui c'est évident que c'est mieux.”

 

Si on combine cela avec la croyance que notre irrationalité est naturelle,

Comment ne pas penser à cadrer politiquement cette irrationalité ?

 

Mais ce serait rater deux points fondamentaux…

… Qui seront détaillés dans la prochaine édition !

Pourquoi cette coupure ?

Car j’ai reçu des commentaires sur la longueur de certaines éditions précédentes.

Et en analysant les nombres de mots, j’ai effectivement vu que j’avais parfois abusé 😅 

Comme je veux respecter ton temps,

Et ma promesse du 5 minutes 2x par mois,

Je me surveille.

On se retrouve donc dans 2 semaines pour continuer sur les dérives des nudges et l’idéologie des biais cognitifs !

Défi de la semaine

(Je n’allais quand même pas te laisser sans partie pratique ! 😉)

Pour clôturer cette première partie, je t’invite à te renseigner sur les nudges.

Effectue une recherche pour trouver 2 ou 3 exemples supplémentaires à ceux que j’ai mentionnés ci-dessus.

Et partage moi tes trouvailles en m’envoyant un message 😁 

Je suis curieux de ce que tu vas découvrir !

Tes commentaires m’intéressent !

N’hésite pas à m’envoyer un message pour me dire :

  • Ce que tu as apprécié,

  • Ce que tu as détesté,

  • Ce que tu as testé,

  • Ce qui a marché,

  • Ce qui a bloqué,

  • Ce dont tu aimerais que je parle dans une prochaine édition.

Je suis à ton écoute et je te répondrai avec plaisir.

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