Les fils de la marionnette sont-ils blancs ou gris ?

Et sommes-nous vraiment libre de nos propres pensées ?

Qui contrôle qui ?

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Sommes-nous vraiment libre de nos propres pensées et comportements ?

On peut en douter à voir les résultats de certaines expériences !

Commençons par Dan Ariely.

Dans son livre Predictably Irrational (traduit en C’est (vraiment) moi qui décide ?) il décrit une expérience de John Bargh, Mark Chen, et Lara Burrow publiée en 1996.

Expérience que je trouve très fun 😄 

On demande à des étudiants d’université de résoudre une série d’anagrammes.

Chaque anagramme consiste en une suite de lettres dans le désordre, et les participants  doivent retrouver le mot en recombinant ces lettres.

Par exemple, recombiner les lettres UVEERAC pour faire CERVEAU, ou les lettres EEMTNRU pour faire MENTEUR.

Pour les étudiants, leur participation à l’expérience semble s’arrêter là : terminer la série d’anagrammes.

Alors que ce n’est que le début pour les expérimentateurs !

Lorsqu’un participant sortait de la salle où il avait résolu les anagrammes, les expérimentateurs chronométraient le temps que ce participant mettait pour traverser le couloir et sortir du bâtiment.

Pourquoi mesurer ce temps de parcours ?

Car un groupe de participants avait reçu une série d’anagrammes évoquant le concept de personnes âgées. (Les mots étaient par exemple : bingo, ancien, Floride – oui, ça se passait aux USA 😆 –)

L’autre groupe ayant reçu des mots sans lien apparent entre eux.

Tu vois venir le résultat ?

Les participants du groupe pour lesquels les anagrammes évoquaient la vieillesse, mettaient plus de temps à sortir du bâtiment que ceux du groupe où les anagrammes n’avaient pas de signification particulière !

Curieux, non ?

D’autant plus que les participants étaient tous des étudiants d’université. Donc un groupe d’âge très homogène et plutôt éloigné du concept de vieillesse !

Un effet plus subtil

Dans la dernière édition, je te parlais de l’effet de halo.

Où la présentation d’une personne (tenue, allure, mots d’introduction) va influencer notre perception, et donc notre comportement.

Ici, c’est plus insidieux.

Tout se passe de manière cachée.

On active inconsciemment un stéréotype.

Stéréotype non verbalisé et assez générique.

On parle alors d’amorçage.

Un effet pas si grave que ça ?

Je te l’accorde, aller plus lentement pour parcourir un couloir n’est pas si important que cela dans nos vies.

(Quoique… On devrait peut-être faire une expérience dans le métro parisien 😆) 

Après tout, l’effet va s’annuler naturellement dès qu’on va se remettre à notre train-train quotidien.

Mais est-ce vraiment la limite ?

Ou est-ce que cet effet d’amorçage peut s’appliquer dans d’autres situations ?

Y compris celles où nous voulons être performant ?

Je pense que tu me vois venir…

Un exemple avec cette étude dont tu as probablement déjà entendu parler : 

On sépare des enfants de 7 à 9 ans en deux groupes et on leur donne un exercice de géométrie à réaliser.

Dans un des groupes, on présente l’exercice comme un exercice de géométrie.

Dans l’autre groupe, on le présente comme un exercice de dessin.

Le résultat ?

Dans le deuxième groupe, les filles ont de meilleurs résultats que celles du premier groupe.

(Là où les résultats des garçons ne changent pas vraiment d’un groupe à l’autre.)

Ou comment le stéréotype “les maths c’est pour les garçons” joue un rôle important dans la performance des filles, indépendamment de leurs compétences réelles.

Et ce n’est qu’un stéréotype parmi tant d’autres !

Entre ethnicité, genre, classe sociale, culture locale, habitudes nationales… Il y a du choix 🙄 

Pourrait-on obtenir des bénéfices ?

Alors bien sûr, une fois qu’on a identifié qu’un stéréotype était activé, on peut agir pour le désactiver. (Comme parler de dessin au lieu de géométrie jusqu’à un certain âge.)

Mais serait-il possible de créer un amorçage bénéfique ?

Deux études que je trouve intéressantes à ce sujet : toutes deux créent un amorçage sur la rationalité.

Ici, le bénéfice est plus visible et marquant.

La première expérience a été réalisée par Viren Swami et publiée en 2014 :

On donne tout d’abord aux participants des séries d’anagrammes dont les mots sont en lien avec la rationalité et l’esprit critique (par exemple raison, rationnel, pondérer)

Ensuite, on leur demande de juger un ensemble d’affirmations (du type que nous pourrions retrouver dans le titre d’un article de journal ou dans un post sur les réseaux sociaux.)

La première étape consiste à montrer comment des sujets publics ont été historiquement manipulés (par exemple l’industrie du tabac et les cancers liés à la cigarette.)

Puis on demande aux participants de réfléchir par rapport à des problématiques similaires, comme celles liées au changement climatique.

Résultat ?

Dans les deux études, les participants sont plus critiques et mesurés s’ils ont été amorcés sur leur rationalité, par rapport à ceux qui ne l’ont pas été.

Et cela, indépendamment de leurs croyances ou convictions politiques avant de commencer le test !

A se demander s’il ne faudrait pas forcer les internautes à jouer à des puzzles de ce genre avant de lire un article dans les médias, ou d’écrire un commentaire sur les réseaux sociaux 🙃 

Défi de la semaine

Prends quelques minutes pour observer ton environnement de travail.

Est-ce que tu identifies des éléments qui peuvent inconsciemment influencer : 

  • Ton comportement ?

  • Ta manière de travailler ?

  • Ta manière de t’exprimer ? (ou d’éviter de t’exprimer)

  • La manière dont tes collègues travaillent ?

  • Dont ils s’expriment ?

Par exemple des messages affichés sur posters.

Ou une photo soulignant silencieusement un stéréotype.

Comment pourrais-tu contrecarrer un de ces amorçages ?

Et quel amorçage pourrais-tu mettre en place pour changer un de ces éléments ?

Tes commentaires m’intéressent !

N’hésite pas à m’envoyer un message pour me dire :

  • Ce que tu as apprécié,

  • Ce que tu as détesté,

  • Ce que tu as testé,

  • Ce qui a marché,

  • Ce qui a bloqué,

  • Ce dont tu aimerais que je parle dans une prochaine édition.

Je suis à ton écoute et je te répondrai avec plaisir.

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