S'y retrouver dans la jungle des biais

Choisir judicieusement, pour agir et penser efficacement

Un diagramme pour les gouverner tous !

Bienvenue à tous les nouveaux inscrits de cette newsletter !

Si un·e ami·e qui te veut du bien t’a envoyé ici, n’hésite pas à t’inscrire pour recevoir les prochaines éditions.

Si tu penses qu’un·e ami·e profiterait de cette newsletter, tu peux lui transférer ce message ou le rediriger vers la page d’inscription.

Ils sont entre 150 et 200.

Avec l’image ci-dessus,

(Ou si tu me suis depuis quelques temps,)

Tu sais que je parle des biais cognitifs.

Pourquoi ‘entre’ 150 et 200 ?

Tout simplement parce qu'il n'y a pas de classification officielle.

La plus utilisée est le Codex des Biais Cognitifs (l’image ci-dessus.)

Il a été créé en 2016 par Buster Benson, ingénieur informatique et entrepreneur, puis mis en image par John Manoogian III la même année.

Il liste 188 biais cognitifs que Buster Benson a glané sur Wikipédia au cours de plusieurs années.

Ce codex n’est pas parfait.

Ni complet.

Mais il a le mérite d’exister.

Et de proposer une première segmentation.

Et je pense que c’est devenu la classification la plus utilisée car personne n’a envie de reproduire l’énorme effort de le créer !

(Moi le premier 😆)

Mais le plus intéressant, je pense, est :

Faut-il connaître tous les biais cognitifs ?

Faut-il prendre le temps de tous les apprendre ?

Et de tous les comprendre ?

C'est en tous cas l'argument défendu par beaucoup de livres et de vidéos qui parlent des biais cognitifs.

La quasi-totalité te liste en ensemble de biais cognitifs (plus ou moins long, plus ou moins détaillé, généralement ciblé autour d’une thématique.)

Et à la fin, ils finissent en mode :

“Maintenant que tu les connais, c'est bon.

Tu sauras quoi faire pour les déjouer.

Et tu sauras éviter les pièges.”

Alors que ça ne marche pas du tout comme ça…

Commençons par le commencement

Déjà : faut-il connaître tous les biais cognitifs ?

A mon avis, non.

Déjà parce 150-200, ça fait beaucoup !

Pour où commencer ?

On pourrait se limiter aux 188 du Codex.

Ou à seulement une ou deux de ses sections (“De quoi devons-nous nous rappeler ?” “Trop d’information,” “Besoin d’agir vite,” et “Pas assez de sens”)

Mais tous les biais sont-ils pertinents selon le domaine d’application ?

Non.

Par exemple, l’effet boomerang (un effort de persuasion produit les effets inverses recherchés) n’a que peu d’intérêt dans la prise de décision.

Et comment être sûr qu’on ne raterait pas des biais importants ?

Voire qui seraient absents du Codex ?

Par exemple le biais de cohérence.

Ou plutôt, les biais de cohérence.

Car il y en a 2 versions…

(Quand je te dis qu’il n’y a pas de classification officielle 😅)

La première version est que nous avons tendance à valoriser la cohérence dans notre société.

La deuxième version est que nous avons tendance à maintenir la cohérence de nos modèles mentaux (et donc de nos opinions.)

Pas tout à fait pareils.

Et pas tout à fait minimes.

Est-ce qu’on devrait du coup trouver (ou créer) une autre classification ?

Comme le site biais-cognitif.com ? (Créé par un graphiste passionné.)

Ou via un résumé du livre Système1 / Système2 : Les deux vitesses de la pensée de Daniel Kahneman ?

Et ce qui n’est pas considéré comme un biais cognitif ?

Et comment faire si un phénomène qui possède une influence démontrée, n’est pas (ou pas encore) considéré comme un biais cognitif ?

Par exemple le biais de contraste :

Notre cerveau juge un élément par contraste (par comparaison) avec d’autres éléments. Il ne juge jamais de manière absolue.

Comme dans cette illusion d’optique* :

Si tu ne la connais pas (mais j’en doute) : les deux disques oranges ont la même taille.

Même en le sachant, il faut que j’utilise mes doigts ou une règle pour le constater.

Et ce biais de contraste se décline de plusieurs manières :

  • La taille d’une assiette influence comment on va juger la quantité de nourriture comme suffisante ou insuffisante,

  • La technique du leurre (ou effet de domination asymétrique dans le Codex) dont j’ai déjà parlé qui permet de favoriser un tarif sur une page de vente en l’entourant d’autres tarifs ridicules,

  • La température de l’eau d’une piscine qui va nous paraître plus froide ou plus chaude selon la température de la douche qu’on aura prise avant.

Dans le Codex, il y a un effet de contraste qui est mentionné,

Mais il ne s’applique que sur des différences de teintes dans les couleurs.

On est loin du phénomène décrit ci-dessus…

Et il y a tant d’autres phénomènes psychologiques qui sont étudié en économie comportementale !

Par exemple sur notre tendance à tricher (ou à éviter la tricherie) dont je t’ai parlée dans cette édition.

Il nous manque le plus important

Première difficulté : pas de listing complet clair.

Deuxième difficulté : le contexte d’application qui va coller à notre besoin, ou pas.

Troisième difficulté : certains effets provoquant des erreurs de raisonnement ne sont pas considérés comme des biais. (Et seraient donc de facto exclu de la classification.)

Donc je pense que vouloir connaître tous les biais est un travail d’ampleur,

Et dont le résultat, pour une application au quotidien en entreprise, est incertain.

Mais surtout, je pense que le plus important n’est pas là.

Si tu as lu mon livre, tu sais que savoir n’est pas suffisant.

Savoir qu'il y a un piège quelque part caché dans la forêt est intéressant.

Mais cela ne va pas vraiment nous aider à l'éviter.

Si on n'a pas d’autres informations que “il existe,” on n’est pas beaucoup plus avancé.

Les listings de biais cognitifs, c'est exactement la même chose.

Ils te donnent les noms des biais, des exemples, leurs descriptions.

Éventuellement, ils te disent pourquoi ils dévient de la rationalité,

Voire pourquoi ils fonctionnent.

Mais de quelle manière tu peux le déjouer, là il n’y a rien.

Ni de pouvoir choisir à quel moment tu décideras de déjouer le piège.

Lutter à tous prix contre les biais ?

Si tu me suis depuis quelques temps, tu le sais déjà :

Notre cerveau crée un ensemble d'illusions au quotidien.

Les biais cognitifs en font partie.

Et il y en a d’autres.

Cet ensemble d'illusions nous aide à fonctionner au quotidien.

Certes, parfois, ils nous trompent dans notre manière d’interagir avec les autres.

Ou de prendre des décisions.

Mais pour la majeure partie de notre quotidien, ça marche.

Notre cerveau analyse et agit rapidement.

Quitte à faire des approximations.

Et essayer de lutter contre ça au quotidien,

C'est juste impossible.

Comme essayer de voir que les cercles oranges ci-dessus ont la même taille.

C’est trop profondément ancré dans les mécanismes de notre cerveau que pour avoir un contrôle conscient dessus.

… A minima lorsque ces mécanismes agissent.

En revanche, tu peux décider du cadre dans lequel tu vas choisir de te forcer.

Te forcer à penser différemment pour déjouer les mécanismes automatiques.

Généralement, quand un sujet, une décision, un projet, une relation est importante pour toi.

Là ça vaut le coup de faire des efforts.

Et pour tes actions qui sont moins importantes, ou celles qui ont moins d'impact,

Tu peux te permettre de te dire “c’est ok de succomber à l’illusion ici.”

Donc ce qui manque souvent, c'est le côté comment déjouer.

Il n'y a malheureusement pas de recette miracle

C'est un peu à chaque biais sa manière d’être contrecarré.

En revanche, il y a une chose qui peut aider.

Se poser régulièrement les questions :

“Pourquoi est ce que je pense ça ?“

“Est-ce que c'est véritablement ça qui m'a fait prendre cette décision?“

“Est-ce que c'est vraiment pour cette raison que je fais ça ?”

“Est-ce que c'est vraiment ça qui m'anime ?”

Commencer à se poser la question,

C'est commencer à chercher des éléments qui vont nous montrer que, peut-être, il y avait d'autres choses qui agissaient.

Comme BJ Fogg, chercheur en psychologie, qui avait pour habitude de manger un donut chaque après-midi en faisant sa pause café.

Lorsqu’il s’est interrogé sur ce besoin en sucre, il a compris que ce qu’il venait chercher lors de sa pause café,

C’était l’interaction avec d’autres personnes.

À force de t’interroger, ça va devenir une habitude.

Et cette habitude te permettra de prendre du recul.

Lorsque tu considéreras que, cette fois, c’est important.

Défi de la semaine

Pour chacun des 5 biais ci-dessous :

  • Cherche sa description, puis

  • Cherche quelle action simple tu pourrais mettre en place pour le contrecarrer.

(Si tu as lu mon livre, fais le défi sans le rouvrir… Puis compare avec mes suggestions 😉)

  1. Biais de confirmation

  2. Biais de cadrage serré

  3. Biais de résultat

  4. Effet des coûts irrécupérables

  5. Effet de halo

Je pense que les solutions que tu trouveras t’aideront dans plusieurs domaines de ta vie.

Tes commentaires m’intéressent !

N’hésite pas à m’envoyer un message pour me dire :

  • Ce que tu as apprécié,

  • Ce que tu as détesté,

  • Ce que tu as testé,

  • Ce qui a marché,

  • Ce qui a bloqué,

  • Ce dont tu aimerais que je parle dans une prochaine édition.

Je suis à ton écoute et je te répondrai avec plaisir.

Envie d’aller plus loin avec le livre Cerveau Menteur ?

Tu as le choix entre librairies indépendantes ou Amazon.

* Pourquoi un astérisque sur le terme illusion d’optique ?

Tout simplement car ce n’en est pas une.

Même si c’est le terme consacré.

Pourquoi ça n’en est pas une ?

Car les neurosciences montrent que ce qui est trompé dans la quasi totalité des illusions d’optique, ce n’est pas le système optique (l’oeil.)

C’est le traitement du signal visuel dans les aires cérébrales qui est trompé.

Ce ne sont donc pas des illusions d’optique mais des illusions cognitives ou illusions visuelles.

Qu’est-ce que ça change de renommer ce type d’illusion ?

Ça reflète l’état actuel des connaissances.

Et ça nous rappelle que notre cerveau est un véritable créateur d’illusions.

#monpetitcombat

Reply

or to participate.